On dit souvent qu’un club de football professionnel, malgré des millions d’investissements, ne peut jamais être une entreprise comme les autres, il est rajouté à chaque fois : particulièrement à Marseille.
Bien avant la création des clubs de supporters, l’institution OM, alors encore sous statut associatif, a connu de grosses batailles à sa tête qui ont perturbé son fonctionnement, l’entraînant même dans les abysses de la 2e division, ancêtre de la Ligue 2, comme en 1980. Plus près de nous, il y eut les duels Tapie-Dubiton, quand le Boss toujours auréolé de sa victoire de 93 mais dépouillé de toute sa fortune avait fait un come back mouvementé à tous les niveaux, et sans oublier la lutte fratricide Deschamps-Anigo alimentée par l’agent Jean-Pierre Bernès.
Le club s’en est toujours remis.
Mais la séquence terrible dans laquelle il est plongé depuis deux jours monte à elle seule de plusieurs crans dans l’échelle du folklore après la légitime lutte de tout Marseille, les associations de supporters en tête, pour chasser Jacques-Henri Eyraud de son pouvoir hautain, inefficace et néfaste.
Depuis l’arrivée aux commandes de Pablo Longoria, personne ne peut plus dire que l’OM est géré par des amateurs, et d’ailleurs nous en avons constaté les résultats qui plaident pour lui et son staff, même si nous restons divisés sur ses options stratégiques de renouvellement régulier et en profondeur de l’effectif, des changements d’entraîneurs, et alors même que nous ne savons pas, mais qui peut le savoir vraiment, si ce sont les entraîneurs qui partent ou lui qui les incite d’une manière ou d’une autre à le faire. Il affirme que non, je serais plutôt pour le croire, y compris quand il affirme que lui aussi souhaiterait de la continuité dans le staff technique.
La situation sportive dans ce début de saison était jusqu’à présent loin d’être catastrophique malgré la sortie de route dans la course à la rémunératrice Ligue des Champions, compétition que nous ne pouvions pas envisager de gagner.
C’est un OM très moyen que nous voyons évoluer depuis la reprise, ce que beaucoup d’éléments peuvent justifier, mais je fais partie de ceux qui entrevoyaient une amélioration notable suite au dernier match malgré un résultat inférieur aux attentes. L’équipe se classe après cinq rencontres dans le haut du championnat, chose acceptable malgré le niveau présumé plus faible des formations rencontrées.
Mais le pouvoir de Longoria et son bilan ont été copieusement attaqués lors d’une réunion prévue de longue date, à la veille d’une série de matchs considérés comme délicats, qui supposaient que toutes les composantes du club, et autour, restent fédérées pour préserver aux joueurs un maximum de sérénité, alors que les virages leur ont envoyé trois jours avant, de façon très excessive selon moi, le fameux chant : Mouille le maillot ou casse-toi.
Au-delà de ce qui a pu être dit par les supporters présents à cette réunion, la première question qui se pose est celle du timing et de leur esprit de responsabilité. Pourquoi maintenant et pourquoi si fort alors que dans ce contexte la menace plane tout de même que l’équipe ne puisse pleinement s’exprimer dès jeudi à Amsterdam contre l’Ajax et dimanche soir à Paris ?
Les joueurs ont-ils lâché leur entraîneur au point de se montrer plus performants suite à son départ, ou bien marqueront-ils le coup en se retrouvant tout à coup sans projet de coach, et cela sans manquer de respect à Pancho Abardonado et Jean-Pierre Papin qui seront sur le banc malgré eux ? Nous verrons bien.
Abandonnons pour l’instant le sportif pour dire quelques mots sur le contenu de la réunion.
Vingt minutes de reproches sans que personne de la direction ne puisse prendre le temps de répondre. On est surpris d’apprendre qu’il a été fait un retour à charge sur les départs de Mandanda, Payet, Guendouzi qui apparaissaient comme des cas réglés, alors même que ces joueurs ne bénéficiaient plus tellement de cette unanimité qui les gardait de toute attaque. Les associations de supporters en mode syndicat des joueurs, voilà qui est nouveau. Mais passons.
Et puis il y a ce commandement impératif qui résonne comme une menace, après que le mot guerre ait déjà été prononcé : « Casse-toi, prépare tes valises… ». Il va sans dire qu’au delà du langage châtié qui peut être le nôtre à Marseille, et loin de moi l’idée de jeter la pierre, je mène à l’encontre de ma propre personne une vraie bataille pour sortir les termes excessifs de mon arsenal d’expressions, il va sans dire disais-je qu’il faut avoir en main de sacrés dossiers lorsqu’on a des responsabilités associatives pour se permettre de les balancer vers les représentants officiels d’une institution avec laquelle on entretient des rapports de partenariat.
Il me semblerait logique maintenant que les leaders d’associations de supporters viennent s’expliquer devant la communauté qui les fait vivre, les journalistes qui relaient souvent leurs messages et leurs actions, face au monde des supporters de l’OM dont ils sont issus et qui leur reconnaissent des qualités incroyables d’organisation et de ferveur.
S’ils ont de sérieux éléments à l’encontre de Longoria et de ses hommes, allant au-delà des récriminations que relaieraient ceux qui en interne, et de façon bien sûr anonyme, évoquent notamment un management sévère et fermé de leur part, qu’ils les communiquent. Nous sommes tout disposés à les entendre et les recevoir. S’ils estiment que ce sont des faits suffisamment graves pour perturber à ce point le fonctionnement professionnel d’un club comme l’OM au moment où il entame une phase cruciale de sa saison, et avant même qu’un temps suffisant soit donné à l’entraîneur et à l’équipe pour trouver sa pleine expression, alors allez-y. Tous les yeux sont désormais sur vous.
Je prie, je forme le vœu, eu égard au respect que je porte au mouvement Ultra duquel je ne me suis jamais réclamé mais dont j’ai toujours souligné ce qu’il avait apporté dans l’ambiance des stades, j’espère de tout cœur que vous détenez la vérité et le beau rôle dans cette crise que vous avez déclenchée. Car dans le cas contraire, je n’imagine pas la coulée de honte qui déferlerait sur vous, laquelle éclabousserait l’ensemble des supporters, y compris ceux qui ont décidé de s’extraire de toute cette violence, et d’une manière générale la ville et les marseillais.
À propos de la Ville de Marseille, je m’étonne qu’à cette heure, aucun de ses responsables ne soient intervenus mais je veux croire volontiers qu’ils ont déjà commencé à se préoccuper de la situation. Le contraire serait grave.
Je veux préciser pour le cas où je n’aurais pas réussi à rendre la chose plus perceptible, que ce billet exprime bien plus de tristesse que de colère, même si hier j’étais fortement tenté de rire devant l’absurdité de cette situation.
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B. Audibert
 
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