C’est quoi l’amitié ? Peut-être un lien très spontané ou s’étant construit sur la durée, qui ne s’éteint jamais malgré le temps et la distance, l’âge qui avance, une reconnaissance positive et mutuelle de l’autre. L’amitié n’a pas besoin d’être démonstrative, elle ne réclame pas forcément de preuve, elle s’impose à ceux entre lesquels elle circule.
Qu’est-ce que vient foutre cette interrogation sur l’amitié ? Je vais essayer de vous l’expliquer.
Hier matin, j’ai assisté aux funérailles d’un coéquipier de mes années junior passées à l’US Michelis, ce beau club d’une cité où je suis né, à l’est de Marseille, un club qui fête ses soixante-dix ans cette année.
Des figures du club étaient présentes, au premier chef le président emblématique, Antoine Eghikian, l’un d’entre nous, Erick Pons, est revenu spécialement de Corse où il vit aujourd’hui. Il y avait une évidence, comme si nous nous étions juste quittés hier. Nous étions là pour l’amitié, pour la fraternité, pour le souvenir de l’un des nôtres parti rejoindre sa dernière demeure. Trop tôt forcément.
Trop tôt parce que pour ma part, je n’avais quasiment plus revu le défunt (dieu que je n’aime pas ce mot puisque de toute façon il ne sera jamais mort à mes yeux) depuis nos années de jeunesse.
J’étais là par fidélité et amitié pour un jeune homme de 17-18 ans, puisque c’est ainsi qu’il est resté dans mon esprit malgré plus de 45 ans passés depuis.
Nous étions là pour les rires et les engueulades de vestiaires, pour nos luttes et nos courses ensemble contre l’adversité, pour nos victoires et nos défaites, pour nos chambrages. Tu partages beaucoup quand tu te vois les mardi, jeudi, vendredi soir pour les entrainements (parfois le samedi en boite) et le dimanche pour les matchs, les déplacements en car vers les villes de la Côte d’Azur, et cela toutes les semaines.
Nous étions là aussi pour soutenir sa famille.
Il était chambreur Gérard Mélis, puisque c’est lui qui nous réunissait ainsi dans cette triste circonstance. C’était notre avant-centre, un chambreur mais jamais méchant. Un excellent avant-centre souvent surclassé dans les catégories de jeunes, ce qui est toujours une marque de grande qualité. Il avait l’art de se démarquer, de faire le bon appel. Il pouvait prendre la profondeur mais il savait jouer dos au but et garder le ballon, il se retournait facilement. Il avait les deux pieds, un bon jeu de tête, du timing, de la détente. Il était toujours bien placé, et surtout il claquait des buts.
Pourquoi il n’est pas devenu professionnel alors ? Pas sûr que ça l’intéressait. Il avait décliné une invitation de monsieur Jean Robin, alors directeur sportif de l’OM, de jouer avec les juniors de l’Olympique de Marseille un tournoi en Yougoslavie. Ça nous avait rendu fous qu’il refuse un truc pareil, mais lui nous avait répondu tranquille avec son beau sourire qu’il était amoureux d’une jolie jeune femme et que c’était elle, sa priorité.
Il voulait prendre un boulot tranquille et fonder une famille, et c’est avec encore une autre qu’il le fît.
Faut dire qu’il était beau Gérard. Elles étaient toutes folles de lui. Il avait un truc, une assurance, une décontraction, une maturité qui donnait l’impression d’une vieille âme ayant décidé de s’amuser un peu sur terre.
Il n’a pas fait carrière dans le football, Gérard, mais l’église de Cassis, pourtant grande, était tellement pleine à craquer que nous sommes nombreux à ne pas avoir pu entrer. Preuve qu’il avait continué à promener sa bonhomie rigolarde autour de lui, à donner quelque chose de lui à beaucoup de gens. Il n’a pas été pro mais Marcel Dib était présent (normal, il jouait avec nous dans le temps), mais il y avait aussi Jean Tigana, Michel Platini, Andréas Köpke, Jean-Charles de Bono, que je n’ai pas vu.
L’amitié dans le football est une chose capitale. Les joueurs n’ont pas forcément besoin de partir en vacances ensemble, mais ils doivent se sentir bien ensemble, avoir envie de donner quelque chose à l’autre. Question… les joueurs de cet Olympique de Marseille qui jouera ce soir s’aiment-ils assez pour atteindre leurs objectifs et faire plaisir au peuple marseillais ?
Je ne le crois pas. Qu’ils se débrouillent au moins pour nous ménager un retour à suspens.
Je remercie en tout cas le QSG de m’avoir rendu le sourire hier en perdant sur son terrain contre le Barça, car je n’avais pas le moral.
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B. Audibert
 
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