Supporter olympien déprimé, mon frère, ma sœur, je te salue.
Comment pourrais-je te cacher que j’attendais mieux de cet OM en ce début de saison ? Même en intégrant les ratés prévisibles au commencement, même en me persuadant que de toute façon il est impossible de gagner tous les matchs.
J’attendais mieux parce que comme toi je rêve avant chaque rencontre qu’on en mette 4 à l’adversaire qui se propose au calendrier. Oui, moi aussi je veux faire la course devant. Mais il faut quand même garder un peu la tête froide en matière de football.
Marcelino a débarqué le 3 juillet, il y a tout juste deux mois. Il n’a pas fait des pieds et des mains pour venir quitte à piétiner l’entraîneur en place. Non, ce dernier a décidé de partir et le poste était vacant. Certains accusent avec culot Longoria d’avoir embauché un ami mais ils font mine d’ignorer que le coach n’est pas n’importe qui. Il a roulé sa bosse dans le championnat espagnol obtenant le respect de ses pairs et de ses joueurs, il a eu des résultats. Le condamner avec une telle violence comme je le vois depuis vendredi soir, parfois de la part de personnes auxquelles on prête un peu de crédit m’apparaît désolant.
Si j’en crois tous ceux qui s’expriment avec cet inexplicable fiel, l’entraîneur doit désormais, à l’issue de quelques semaines de préparation, livrer aux supporters olympiens une équipe plug and play. C’est un nouveau concept. Tu prends l’équipe, tu la disposes sur le terrain, tu branches, tu appuies sur start et bim, l’équipe marche toute seule, les joueurs savent ce qu’ils ont à faire et le font à la perfection. Il n’y a pas le moindre bug, mieux que Steve Jobs fada.
Pire encore, voilà que ceux qui sifflèrent Tudor avant même son premier match officiel, le considèrent aujourd’hui comme la référence absolu de ce qui serait l’ADN marseillais. Tudor qui laissa au Vélodrome un nombre jamais vu de points à l’adversaire. Pour lequel les joueurs n’avaient plus vraiment envie de faire les efforts en fin de saison.
Alors je vais vous confier que je n’ai aucune idée de ce qu’il se passe exactement.
Qu’est-ce qui fait que les joueurs s’arrêtent après un bon départ ? Bon départ qui démontre justement qu’ils ont bossé avec le coach.
On peut certes rappeler qu’une belle partie de l’effectif a été renouvelée, en plus de l’entraîneur, chose qui nous invite naturellement à la patience. Les recrues doivent déjà s’adapter à un nouvel environnement avec leur famille, ce n’est pas rien. Les anciens se confrontent à une philosophie différente par rapport à leur coach précédent. On ne presse plus de la même façon. On passe du marquage individuel à la défense en zone, on construit à partir des sorties de balle quand on essayait de récupérer haut et d’enfoncer. Et cela doit faire drôle de passer d’un coach qui limite te traitait de fils de pute, prêt à t’en coller une si tu lui répondais mal, à un type sûrement plus méthodique, réfléchi, pédagogue et sans doute plus respectueux, intelligent et plus calculateur. Je ne dis pas que Marcelino est le meilleur entraîneur du monde mais qu’il mérite sûrement cette considération qui permet d’attendre encore avant de le mal juger. Rajoutons qu’il doit se passer d’un relais, certes pas encore très convaincant, en raison d’une blessure, je parle de Kondogbia.
Cela ne m’empêche pas d’être soucieux, je ne dirais pas inquiet, mais il y a suffisamment d’éléments pour penser qu’il n’y a pas le feu au lac en considérant que le championnat reste l’objectif numéro 1, et où nous occupons une place correcte. Sur 6 matchs, l’OM n’en a perdu qu’un. On s’est fait sortir de la LDC par une équipe moins bonne que la nôtre pour un ballon tombé sur le bras de Guendouzi à la dernière minute, on s’en remettra, on s’est fait voler par l’arbitrage à Metz, le groupe va pouvoir travailler pendant la trêve internationale… ma foi, on a connu pire. Tout juste peut-on penser que si l’entraîneur évalue encore les joueurs, les joueurs de leur côté testent aussi l’entraîneur. Ils apprennent encore à se connaitre. Le temps travaille pour tout ce petit monde. N’oublions pas la référence de la 1re mi-temps de la réception du Pana.
Alors, à tous ceux qui s’expriment systématiquement sans nuance, qui ne voient que les aspects négatifs et jouissent de les noircir dans l’espoir en plus qu’au bout du compte les évènements leur donnent raison, qui veulent siffler le coach au prochain match, ou inciter les autres à le faire, du mec qui n’a jamais tapé un ballon ailleurs que dans le jardin de sa grand-mère, à l’ex-pro consultant aux motivations improbables, en passant par ceux qui parlent de foot comme du tuning de la voiture de leur beau-frère ou du meilleur hameçon pour pêcher des truites, en incluant les opportunistes prêts à poser avec un maillot de merde pour une heure de gloriole, ceux qui n’ont jamais que placer des plots à un entrainement et coupé des citrons à la mi-temps, tous prêts à dire une chose aujourd’hui et sans vergogne le contraire la semaine prochaine, j’inclus aussi tous les fracassés du teston de la vente OM qui au lieu de se mettre dans un grand trou et de fermer leur gueule ne serait-ce que par dignité, ciblent Pablo Longoria et tous ses choix comme s’il avait empêché à lui seul les prétendues velléités d’achat du club par les saoudiens, à tous ceux-là j’ai envie de dire : vous m’avez gonflé !
Ni la Direction, ni le staff technique, ni les joueurs n’ont encore dit leur dernier mot et la saison ne fait que commencer. Il réside chez tous ces gens bien plus de compétences que dans tous nos cerveaux réunis, suffisamment en tout cas pour pointer les problèmes et les résoudre. Rendez-vous au prochain match… et prions un peu tous ensemble la Bonne Mère, ou qui vous voulez. Mon vié maintenant !
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B. Audibert