Ami.e supporter-trice,
Je voudrais écrire un grand texte, rassembler en peu de mots ce que je pense des tristes évènements du caillassage du bus lyonnais dimanche soir vers 19h près de l’Olympe. Je voudrais purger Purgette du nom de l’endroit où cette saloperie s’est déroulée. Même si je sais que tu es pressé de tourner la page, même si la lucidité me suggère que j’en suis incapable. Mais je veux au moins essayer de traduire ce qui repose au plus profond de mon coeur.
J’aime le football parce que c’est un magnifique pont qui relie les continents. Deux enfants d’origine sociales différentes, ou ne parlant pas la même langue, se passant une balle improbable pendant 1/2 heure deviennent plus vite des camarades que s’ils avaient passé 3 mois dans une même classe d’école. Le ballon n’est pas seulement rempli d’air, il est aussi plein d’un concentré de fraternité cosmique.
Apprivoiser un ballon rond avec ses pieds, se situer sur un terrain, réfléchir à la meilleure manière d’aller marquer un but dans la cage adverse la plus rudimentaire, ou empêcher par une saine lutte celui d’en face de le faire, est une des plus belles choses que nous ayons pu accomplir dans la vie pour beaucoup d’entre nous, et quels que soient nos âges aujourd’hui, ces moments nous ont laissé des traces éternelles.
Un footballeur professionnel est avant tout un jeune individu, un être humain qui mérite le même respect que n’importe lequel d’entre nous. Il est le fruit d’une sélection continue, rude, âpre, au cours de laquelle ne lui est fait aucun cadeau. Et cela, qu’il porte notre maillot ou celui du camp adverse.
Le football n’est pas la guerre même si symboliquement il peut donner l’impression de lui ressembler, c’est sans doute en partie pour ça qu’il est si populaire, et d’en épouser un langage qu’il m’arrive moi aussi d’utiliser.
Un footballeur est sacré.
Rien ne doit être fait pour le diminuer physiquement. Sans lui, il n’y a pas de sport, pas de spectacle, c’est la victoire du vide, le triomphe du néant.
La seule bataille se joue sur la pelouse, territoire également à protéger, et ce sont les joueurs seuls qui doivent la mener. Elle a pour seul objet la conquête du ballon. Notre seul rôle à nous tous autour consiste à animer, pousser, encourager ceux qui portent nos couleurs, et goûter aux plaisirs esthétiques de l’intelligence, de la gestuelle, de l’inspiration, mais aussi de la puissance, du courage et du panache.
Agresser des footballeurs et ceux qui les entourent, coachs et staff médical inclus, est un crime contre l’enfance et contre ce jeu qui reste une lutte pacifique, y compris quand on croit juste répliquer à la bêtise de ceux qui ailleurs, dans leurs villes respectives, ont essayé d’atteindre nos joueurs. Car on ne se venge pas ainsi, on vomit sa haine et son mal-être parce qu’on ne sait pas boire et tenir les effets de l’alcool, on expulse ce que l’on porte de plus noir au fond de l’esprit, dont l’autre n’est absolument pas responsable.
Ce qui a été commis par une poignée de connards dimanche ne doit plus jamais se reproduire à Marseille, ville-reine du football en France. Car c’est trahir notre passion et notre vocation. Je dis à Marseille parce que je veux essayer ici de m’adresser aux supporters de l’OM ou au moins toucher ceux qui prétendent l’être mais qui par ces actions abjectes ne font que pourrir la vie de leur club et de la ville qui l’a enfanté en se livrant à ces gestes dont même les primates des zones sauvages sont incapables.
Caillasser des bus c’est poignarder une civilisation née en l’an 600 avant JC, fière d’avoir survécu à tous les fléaux et jamais, jamais nous ne devons accepter l’idée sournoise qu’il ne s’agirait que d’un folklore rigolo.
Comme le disent si bien les MC du Massilia Sound System : Stop the conos ! Je suis tenté de rajouter : Stop the gros conos !
Il va de soi que mon discours concerne aussi les agressions des bus de supporters, même quand ils contiennent les franges les plus haineuses et rétrogrades de la population française, et dont il est temps que la justice s’occupe aussi de manière ferme et définitive. Stop the gros conos s’adressent aussi à leur misère morale et intellectuelle, la même qui déshonora la France pendant l’occupation allemande.
Vive le grand Roger Magnusson
Thierry B. Audibert
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