Aïoooli tout le monde, ça va, pas trop froid ?
Attention, la nuit qui tombe plus tôt, les premiers frimas, si tu fais pas gaffe tu plonges, tu prends un coup dans la cafetière, un français sur dix a touché la dépression en 2017. Mais nous les supporters de l’OM, soumis aux aléas de notre équipe adorée, ne risquons pas le coup de déprime, même derrière une défaite à la manque contre le Qatar St Germain. Pourquoi ? Parce qu’on rigole beaucoup avec notre président. On croyait avoir à la barre un type sérieux, un killer, un winner, un reptile au sang froid qui prépare ses coups et attend son heure pour choper sa proie, mais on se rend compte qu’à la place nous avons un comique. Il nous a fait mourir de rire dimanche soir en nous expliquant que les joueurs marseillais avaient fait jeu égal avec un petit QSG, puis on a découvert sa vision du futur au cours de je ne sais quel colloque où on lui a demandé de ramener sa fraise. Eyraud parle de ménisques en titane, de modification des règles pour prétendument accroître le spectacle. Cela me rappelle presque un texte de mon ami Henri-Fréderic Blanc (je parle de lui non pas parce que c’est mon ami mais parce que je l’admire beaucoup, c’est un génie) paru dans un livre sorti il y a peu dans lequel on a demandé à des écrivains marseillais d’imaginer ce que sera Marseille en l’an 3013. Dans l’histoire de Blanc on suit les aventures de Fifi Gandolfi, un truand quinquagénaire un peu sur le retour qui, en essayant de fuir la police, se retrouve de manière fortuite dans un petit vaisseau extra-terrestre banalisé qui va l’emmener en 3013. Je ne vous conterai pas la description terrible de ce qu’est devenu la ville dans son récit, vous n’avez qu’à le lire bande de feignasses qui passez votre temps sur twitter, mais Fifi avec son tempérament marseillais va s’adapter à ce futur lointain même s’il va vite aussi s’emmerder, au point qu’à la fin il organise un incroyable match de foot intergalactique, dans lequel le clone de Skoblar fait remporter la rencontre à Marseille, d’où le titre de son histoire : 3013, Marseille encule l’Univers.
À la vérité, JHE comme on l’appelle à Marseille, peut bien avoir toute l’imagination du monde et délivrer son message où bon lui semble. Ce qui nous frappe à deux jours de distance est ce rapport entre sa déformation de la réalité au sortir du match de dimanche soir, et cette vision du futur traduisant une volonté de tordre cette même réalité à ses désirs fantasmatiques. Au-delà du fait qu’il est logique de penser que le travail d’un président est surtout de veiller à la performance et d’y obliger staff et joueurs, tout en renforçant l’équipe de manière plus que substantielle aux mercatos, on s’étonne qu’un président d’un club de football imagine ne serait-ce que quelques secondes, qu’un but marqué en dehors de la surface puisse compter double ou autre couillonnade de ce genre. Il faudrait lui rappeler qu’auparavant la victoire ne rapportait que deux points et que passer à trois n’a pas changé la face du monde, et que le point de bonus pour une victoire par plus de deux buts d’écart ne s’est pas avéré non plus très convaincant. En fait, on se demande si, à l’exemple de la fantastique nouvelle d’Henri-Frédéric Blanc, notre JHE adoré n’a pas été lâché en 2018 par des extra-terrestres en provenance du passé, et s’il n’est pas dans ses intentions d’enculer le football.
Il va nous falloir l’observer de plus près, en espérant peut-être qu’on le ramène, comme Fifi à la fin de la nouvelle de Blanc vers le temps qui est le sien.
Vive le grand Roger Magnusson !
Marseille, an 3013. Éditions Gaussen, 15€

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